« Le fait de témoigner, de relater, de "dire" peut-il influer sur le cours des choses ? Sommes - nous de simples témoins ou des rouages du changement ? » Allalouche Ammar
Tout enfant déjà, dans sa verte vallée natale d’El Milia, où prospèrent oliviers et jujubiers, il se fait en lui un déclic à la vue de sa mère pétrissant la terre pour en faire un ustensile. Il réalisera sa première sculpture, Jeanne d’Arc. Il s’en souvient, la mine jubilatoire : «Je voyais ma mère pétrir cette terre grasse, je sentais l’essence de cette argile, son odeur, et les doigts m’en dé- mangeaient. Le métier à tisser de ma mère, je le voyais aussi comme une harpe. A partir de là, tout l’art m’a interpellé, la peinture, la sculpture, la musique, la poésie...» (lien)
« La provocation de l'art contemporain tient à une chose et une seule : l'argent - le prix
auquel ces travaux sont estimés et vendus. Ce n'est pas beau parce que c'est beau (quoi qu'on place sous ce terme), c'est beau parce que c'est cher ! L'autorité du succès financier prime sur
l'autorité du talent. L'avoir supplante le voir ; L'oeuvre, en réalité, importe peu ou pas, seule compte sa valeur marchante. Il faut du talent et du courage pour peindre, il faut de la morgue et de la cupidité pour vendre du rien serti d'ordures ou de diamants. » Ammar Allalouche
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Extrait : conversation avec Ammar Allalouche par Mustapha Chelbi
Source : Publication du musée des Beaux-arts carthage - Salammbo (Tunisie) / Tome II, consacré au plasticien Algérien Ammar Allalouche / 2016
« Je suis comme ce poète militant qui, en évoquant la mort…c’est pour mieux faire accepter et assumer la
vie, dans toute son ampleur, y compris la réalité de l’absurde. Aussi voudrais-je considérer l’art comme un acte de liberté, un affranchissement de l’esprit de ses innombrables interdits, une
transgression du conformisme ambiant, une résistance contre la laideur qui menace notre monde en ce début du siècle : nettoyage ethnique, montée des fanatismes de toutes sortes,
développement de l’intolérance et la haine de l’autre, banalisation du racisme, victoire de la violence et la volonté de mort. La barbarie dans toutes ses formes qui se modernise. Dés lors, il
serait impudique de considérer l’art, la poésie, ces merveilleuses offrandes qui sont le reflet et
la parole humaine comme un luxe du langage. » Ammar Allalouche
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Extrait interview / Tunis 2010
source : www.founoune.com
« Je conçois l’art pour ma part, comme un désir fort de participer à cette
magnifique aventure humaine sur la terre. Je tente donc de le charger de transmettre une lueur fraternelle pour m’aider à dissiper l’obscurité régnante. Je tente d’y dire, d’y puiser de toutes
mes forces, le monde sensible, mon cœur qui bat, d’explorer les profondeurs intérieures et extérieures de l’homme, de peindre son visage aux mille couleurs. Dans mon pathétique combat,
réside mon courage, dans ma douleur, comme ce poète, réside mon humanité, condamné que je suis un Sisyphe, à l’éternel recommencement. Et c’est pourquoi, comme le poète, il ne serait pas heureux,
lui semble-t-il, de vouloir limiter la poésie à une affaire de mots, quelle que soit l’importance qu’il accordait au travail sur la langue. Ce n’est pas avec des sentiments qu’il fait la poésie
mais avec les mots. » Ammar Allalouche
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Extrait interview / Tunis 2010
source : www.founoune.com
" Bien au-delà des recherches formelles tentant la réconciliation de l’abstraction géométrique à l’abstraction gestuelle, il y a dans l’univers de Ammar Allalouche
une volonté louable de porter la symbolique maghrébine vers les hautes sphères de l’espace pictural d’occident. Cette recherche inlassable, faite de signes douloureux adoucis par les couleurs tendres et apaisantes, annonce la vitalité de la conscience maghrébine. Allalouche sur la toile
peut se définir en une géométrie dans l’algèbre est la recherche de l’universel. Les références à Kandinsky, Klee, Delaunay, Wols, Bram, Van Velde, Tobey et
beaucoup d’autres artistes d’Europe montrent l’étendue de sa culture…néanmoins après ce séjour fructueux auprès des héritiers du Bauhaus, il a répondu à l’appel des origines."
Mustapha Chelbi
Universitaire et Critique d’Art
Extrait : Presse TUNIS 2000
* L’artiste peintre, sculpteur et musicien, Ammar Allalouche est décédé le jeudi 16 juillet 2020 à l’âge de 81 ans, il a été inhumé le vendredi 17 juillet 2020 au cimetière Slimane Zouaghi, à Constantine, Algérie. Paix à son âme.